2019 : quatrième année consécutive de hausse des actes LGBTIphobes
SOS homophobie a publié hier son rapport annuel sur les LGBTIphobies en France. En 2019, ce sont 2396 témoignages qui ont été recensés par l’association, soit une hausse de 26 % par rapport à l’année 2018, et la quatrième année consécutive d’augmentation des actes LGBTIphobes. Les chiffres du ministère de l’Intérieur pour l’année 2019 sont eux aussi alarmants. Il enregistre en effet une hausse de 36 % du nombre de victimes par rapport à 2018 avec 1870 plaintes sur la période.
Les manifestations de rejet (72 %) et les insultes (47 %) sont les faits les plus signalés par les victimes, devant les discriminations (22 %), les menaces et le harcèlement (19 %). Les LGBTIphobies se manifestent dans des situations de la vie quotidienne, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans la famille, au travail, à l’école ou dans les lieux publics.
Ce sont d’ailleurs dans l’espace public que les lesbiennes sont particulièrement victimes d’agressions. Cette année, plus de la moitié des agressions lesbophobes (58 %) dans les lieux publics visaient des femmes et leurs compagnes.
2019 est aussi marquée par une augmentation inquiétante des actes transphobes avec une hausse significative de 130 % des témoignages comparée à 2018.
Le nombre global de témoignages est le deuxième plus élevé depuis la création de l’association ; en effet c’est en 2013 que SOS homophobie avait relevé un triste record de 3 517 témoignages. Les hommes représentent 73 % des témoignages reçus, contre seulement 26 % de femmes. L’invisibilisation des lesbiennes et la banalisation de la lesbophobie dans la société sont donc encore bien présentes.
Cette hausse constatée en 2019 fait écho à la même tendance observée en 2013. Ces deux années sont celles de débats publics sur l’extension des droits aux personnes LGBTI. En 2013, les débats sur le mariage pour tous et l’adoption, et en 2019 ceux sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée pour toutes et tous.
Par deux fois, les gouvernements successifs ont laissé s’installer une parole homophobe décomplexée dans le débat public. Par deux fois les gouvernements successifs ont laissé traîner les débats, laissant la part belle aux réactionnaires et relayant à de nombreuses reprises les voix contre l’égalité. Par deux fois, les associations ont alerté sur la situation et la recrudescence des actes et propos LGBTIphobes.
Manifestement, 2013 n’a pas servi de leçon à Macron. Les nombreux reports de la loi pour l’extension du droit à la PMA témoignent d’un profond recul face aux réactionnaires de ce pays. Et si la loi adoptée en novembre dernier permet enfin l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes célibataires, elle n’est toujours pas prise en charge par la sécurité sociale pour ces femmes ; son accès pour les personnes transgenres a lui aussi été rejeté.
Combattre les actes LGBTIphobes nécessite de lutter contre les préjugés persistants à l’encontre des personnes LGBTI. Le MJCF revendique des moyens pour une politique d’éducation à la vie affective et sexuelle prenant en compte les questions LGBTI.
Le MJCF revendique également une réelle prise en charge et un accompagnement des victimes de LGBTIphobies via la formation des personnels éducatifs et policiers à ces questions.