Allocution d’Emmanuel Macron : toujours autant d’incertitudes pour les jeunes
Après quatre semaines de confinement, Emmanuel Macron s’est exprimé hier soir pour exposer une stratégie de sortie. Les considérations sanitaires liées à cette période exceptionnelle n’étaient toutefois pas les seules motivations du président de la République.
Au-delà de l’annonce de la poursuite pendant quatre semaines des différentes restrictions de sorties, le chef de l’État a également livré son analyse sur les raisons de la crise traversée par la France, selon lui non imputables à des choix politiques. Pourtant, les pénuries de matériels de protection qui nécessitent aujourd’hui la mise en place de restrictions exceptionnelles de la liberté de circuler et qui entraînent la mise en danger de millions de travailleuses et travailleurs ne sont pas le lot de tous les pays. Plusieurs états ont eu la capacité de mettre en place des campagnes massives de dépistages et d’assurer la protection des salarié·e·s et des populations avec du matériel adapté. Le président des riches a refusé de tirer les conclusions qui s’imposent sur des politiques économiques qui ne répondent manifestement pas aux besoins des populations.
Emmanuel Macron a versé dans l’indécence en se félicitant de la capacité de mobilisation de l’hôpital public. Ses politiques d’austérité ont largement contribué à la situation actuelle. Depuis plus d’un an, le Président refuse d’entendre les multiples signaux d’alarme tirés par les personnels. Le chef de l’État n’a pas hésité à se féliciter de réussites rapides « qui semblaient impossibles depuis des années », oubliant qu’il a été l’un des principaux artisans des logiques comptables mortifères qui détruisent les services publics.
Le Président fait donc preuve d’une lâcheté rare, rejetant toute responsabilité concernant les graves carences en matière de gestion de crise, mais s’attribuant les mérites des « réussites ».
Pour les jeunes scolarisés, l’allocution présidentielle n’a pas aidé à dissiper les incertitudes. La reprise des cours le 11 mai apparaît en contradiction totale avec la décision d’annuler les épreuves terminales du bac. Une salle d’examen présente pourtant moins de promiscuité qu’une salle de cours ! Comment expliquer la réouverture des cantines et selfs quand les restaurants demeureront fermés ? Par quel miracle, les lycées bondés de plusieurs centaines d’élèves pourraient-ils assurer des conditions acceptables de distanciation sociale ?
Pour les étudiantes et les étudiants, il est regrettable qu’il ait fallu attendre plus d’un mois de confinement pour que la situation des plus précaires d’entre elles et eux soit prise en compte. En revanche, aucune annonce n’a été faite pour un cadrage national des conditions d’examen. Plusieurs universités entendent mettre en place des procédures d’examens n’assurant pas l’égalité entre les étudiantes et les étudiants.
Le Mouvement jeunes communistes de France rejette la rhétorique de « l’après ». Nous demandons au gouvernement de s’occuper du présent et d’assurer le droit à l’avenir des jeunes aujourd’hui. Nous demandons le rétablissement des épreuves terminales du baccalauréat pour garantir son caractère national. Un cadrage national des conditions d’examens à l’université qui assurent l’égalité entre les étudiants et les étudiantes. Nous demandons également à ce que cette année soit considérée comme blanche pour le droit aux bourses, que la notation se fasse sur le principe du 10 améliorable et que le droit au doublement soit garanti pour celles et ceux qui le souhaitent. Enfin, nous nous joignons aux différents appels, notamment du parti communiste, à mettre à l’arrêt les productions non essentielles pour protéger les salarié·e·s.