Apprentissage : quand l’État subventionne l’exploitation des jeunes
La situation budgétaire du pays est préoccupante. Alors que Bruno Lemaire vante un bilan qui pourtant se trouve être catastrophique, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) nous alerte sur la situation de l’apprentissage.
Dans une étude publiée le 12 septembre, l’organisme nous révèle le dysfonctionnement et le coût exorbitant de ce totem d’Emmanuel Macron, dont les résultats sont contestables.
Nous connaissions les limites de ce système de formation par alternance, dont l’équilibre entre formation théorique et expérience pratique semblait déjà trahi par nombre d’entreprises, dont l’embauche d’apprentis se révèle être un moyen de combler un besoin de main-d’œuvre exploitable, disponible et peu chère.
Nous connaissons désormais son coup. 25 milliards d’euros, c’est le montant de l’aide accordée aux entreprises qui embauchent des apprentis. Voilà les ambitions du Président de la République pour la formation professionnelle : arroser les entreprises d’argent public, sans contrepartie, et avec un effet très limité sur l’emploi.
L’étude de l’OFCE démontre que les contrats d’apprentissages – qui représentent 38% des emplois des jeunes créés entre 2018 et 2024 – n’ont en réalité qu’un effet minime sur l’emploi : rien ne garantit que l’apprenti restera salarié de l’entreprise à la fin de son contrat. La hausse du nombre de jeunes inscrits au chômage issu d’un contrat d’apprentissage nous démontre même l’inverse.
Alors que l’apprentissage devait profiter aux jeunes qui ne se retrouvent pas dans d’autres dispositifs de formation, ou qui souhaite rejoindre tôt le monde du travail, la réalité est autre : 62% des entrées concernent des étudiants diplômés ou en étude supérieure, qui n’ont d’autres possibilités qu’un contrat d’apprentis pour se sortir de la précarité, ou faute d’emplois disponibles. À l’inverse, les jeunes sans emplois ni formation ne profitent que très peu du dispositif.
Aux disparités géographiques, manque d’investissement dans les formations, précarité des apprentis et à l’absence d’accompagnement de jeunes de parfois 16 ans, vient s’ajouter le gouffre financier de l’aide aux entreprises qui exploitent ces apprentis.
À défaut, le MJCF porte une vision émancipatrice et qualifiante de la formation professionnelle. Pour cela, nous soutenons le réinvestissement dans les lycées professionnels, mis à bas par des années de politiques austéritaires.
Nous revendiquons la création d’un statut du stagiaire permettant l’encadrement pédagogique des stages et une juste rémunération financée par le patronat via l’augmentation de la taxe d’apprentissage.
Plutôt que d’arroser les entreprises d’argent public pour lutter faussement contre le chômage, soyons moteur d’une planification démocratique des formations, pour répondre aux aspirations des jeunes et aux besoins industriels, sociaux et environnementaux !