Après le Bac, le bac pro dans le viseur du gouvernement
La voie professionnelle regroupe un tiers des lycéennes et lycéens. L’annonce de sa réforme par le ministre de l’éducation lundi n’a pourtant pas rencontré le même écho que celle de la réforme du bac général et technologique. Ce dernier est déjà l’origine de la forme actuelle du bac pro en trois ans puisqu’il était directeur général de l’enseignement scolaire à l’époque.
La réforme annoncée interviendra à la rentrée 2019, comme pour l’enseignement général la seconde aura un statut à part. Cette première année ne permettra plus la spécialisation mais uniquement le choix d’une famille de métier. Pourtant nombre d’élèves de la filière professionnelle n’ont pas pu obtenir la filière de leur choix faute de place ou de répartition géographique des formations. Eviter les orientations par défaut en ouvrant davantage de places aurait dû être la priorité d’une réforme !
A la manière du grand oral proposé pour le bac général, le ministre a annoncé qu’un “chef d’oeuvre” devra être réalisé de la Première à la Terminale pour être présenté à un jury et dont la note comptera pour l’obtention du diplôme. L’oral devant un jury comme méthode d’examen ne semble être que la satisfaction d’une nostalgie mal placée.
L’année de Terminale devra obligatoirement être proposée en alternance par les établissements, dans la même logique il faudra choisir pour la dernière année entre une option “poursuite d’étude” et une “insertion professionnelle et entreprenariat”. Une manière de condamner toute tentative tardive de poursuite d’étude pour les bachelières et bacheliers professionnel·le·s
La création de 2000 places dans des classes passerelles entre la Terminale et la première année de BTS contraste ironiquement avec la précédente réforme qui avait passé le bac professionnel de quatre années à trois années. Le BEP aujourd’hui passé lors de l’année de première devrait disparaitre, le ministre finissant l’entreprise de destruction de ce diplôme qu’il avait commencé précédemment.
Le ministre a également annoncé la création d’au moins trois campus d’excellence par région, qui regrouperaient l’ensemble des filières professionnelles du CAP à la licence, ainsi que des Centres de formation pour apprentis ou encore des incubateurs d’entreprises… Ce mélange entre l’enseignement et l’entreprise par ce gouvernement fait craindre le pire. La voie professionnelle n’est pas nécessairement celle de l’entreprise capitaliste.
Le Mouvement Jeunes Communistes de France considère que cette réforme ne répond pas aux besoins des lycéennes et lycéens de l’enseignement professionnelle. Nous nous opposons particulièrement à l’annonce de réduction de places dans la spécialité gestion-administration au seul prétexte d’une insertion professionnelle qui serait mauvaise.
Nous appelons à redonner des moyens aux établissements, que notamment soient pris en charge les matériels professionnels pour les lycéennes et lycéens. Nous demandons également que le temps en entreprise soit soumis au droit commun du travail, particulièrement en terme de rémunération.