Arrestation de Jesús Santrich : un grave coup contre la paix en Colombie
La police colombienne a arrêté hier Jesús Santrich, ancien membre du secrétariat général de la guérilla des FARC-EP. De son vrai nom Seusis Pausivas Hernández, il avait joué un rôle actif lors des négociations qui ont abouti à la signature de l’accord de paix de La Havane, mettant fin à un conflit armé de plus de 50 ans entre les insurgés et le gouvernement colombien. Dans le cadre de cet accord, il a récemment été élu député du département de l’Atlántico.
Son arrestation fait suite à une demande d’un tribunal états-unien, qui a également sollicité son extradition du gouvernement colombien. Une demande à laquelle s’est empressé de répondre le président Juan Manuel Santos, qui a affirmé dans une allocution que sa “main ne tremblerait pas” le moment venu de répondre aux ordres de l’impérialisme.
L’interpellation de Santrich se produit en effet moins d’une semaine avant la visite de Donald Trump à Bogota. Le président états-unien ayant récemment menacé de placer la Colombie sur la liste des pays “non-coopérants” dans la “lutte contre le narcotrafic”, le tempo était idéal pour faire preuve de soumission.
Le MJCF dénonce un coup supplémentaire porté aux Accords de paix par le gouvernement colombien. Alors que l’ancienne guérilla s’est engagée avec courage et décision dans la construction de la paix et de la justice sociale, le gouvernement et les institutions de l’Etat colombien, répondant à leurs intérêts égoïstes de classe et aux pressions de l’extrême-droite mafieuse, mènent un sabotage permanent de celles-ci.
Des centaines d’ex-combattantes et ex-combattants croupissent toujours dans les prisons colombiennes en dépit de l’amnistie prononcée; les “Espaces territoriaux de formation et de réincorporation” manquent souvent des infrastructures les plus élémentaires; plus de 50 membres, parents et proches du parti FARC ont été assassinés depuis la signature des Accords. Depuis début 2016, près de 300 dirigeantes et dirigeants du mouvement populaire et des droits humains sont également tombés.
Face à cette situation, le MJCF appelle le gouvernement colombien à mettre un terme à la persécution politique et à se conformer aux indications de la Mission de vérification de l’ONU en Colombie, qui précise que les demandes d’extradition visant des membres des ex-FARC doivent être examinées par les juridictions spécifiques établies par les Accords de paix et non par la justice ordinaire.
Nous demandons également au gouvernement colombien de respecter les engagements qu’il a souscrits dans le cadre des Accords de paix, et aux autorités françaises et européennes d’agir en ce sens.