Contre la précarité garantissons un emploi ou une formation pour chaque jeune
La crise économique et éducative touche de plein fouet les jeunes. Les médias, nous appellent la “génération sacrifiée du Covid”, pourtant ce n’est pas la pandémie qui nous a amenés à cette situation, mais bien l’inaction et les choix politiques du Gouvernement et des précédents.
La nécessité de sécuriser la formation
Les étudiants et les étudiantes paient le prix de décennies de politiques austéritaires dans l’enseignement supérieur et la recherche. Depuis le début de la crise sanitaire qui a renforcé une crise éducative, déjà existante, un sixième des étudiants et des étudiantes ont abandonné leurs études. La difficulté à suivre une formation à distance ainsi que la précarité des revenus a suscité une détresse psychologique pour des milliers d’étudiants et d’étudiantes renforçant ce phénomène de “décrochage”.
L’isolement engendré par la fermeture des Universités depuis près d’un an et l’absence de perspective quant à un possible retour en présentiel explique en partie ce phénomène. Mais cela est aussi le résultat d’une explosion de la précarité étudiante. En effet, un tiers des étudiants et des étudiantes ont perdu leur job depuis le début de la crise, entraînant une perte de revenu conséquente.
Les réponses apportées par le Gouvernement face à cette situation sont insuffisantes. La mise en place de chèques psy, même si elle permet à des milliers d’étudiants et d’étudiantes d’avoir accès à un suivi, ne s’attaque pas au fond du problème. Il ne règle en rien le problème plus général de l’accès au soin des étudiantes et étudiants, alors même que 30% d’entre elles et eux n’ont pas accès à un médecin. C’est en outre une réponse libérale qui se fait en dehors de la médecine universitaire et des services sociaux du CROUS. Pour sortir de cette crise, il faut attaquer le mal à la racine en luttant contre la précarité étudiante, l’isolement, la dégradation des formations et le manque de perspectives d’avenir. La situation est d’autant plus dure à vivre pour les étudiantes étrangères et les étudiants étrangers.
Ces mesurettes montrent le désintérêt du pouvoir envers une partie de sa jeunesse. Pire encore, c’est de l’Université comme lieu de formation et d’émancipation que le Gouvernement se détourne.
Face à ce contexte inédit pour les étudiantes et étudiants, l’UEC a impulsé une mobilisation le 20 janvier dernier qui ont rassemblé des milliers d’étudiants partout sur le territoire. Celle-ci a connu une forte couverture médiatique, ce qui a permis une nouvelle fois de mettre la situation des étudiants sous le feu des projecteurs.
Dès le lendemain de cette mobilisation, Emmanuel Macron a annoncé des mesures concernant la précarité étudiante et la reprise des cours en présentiel. Sur la précarité étudiante le chef de l’Etat a annoncé l’extension des repas CROUS à 1€ à l’ensemble des étudiants et ce deux fois par jour. Encore faut-il préciser que ces repas sont financés sur la base de la CVEC, payée par ces mêmes étudiantes et étudiants et que cela suppose d’avoir des restaurants universitaires, ce qui n’est pas le cas de chaque site. Sur la reprise des cours, le président de la République a annoncé que les étudiantes et étudiants qui en feront la demande pourront suivre leurs cours en présentiel une fois par semaine. S’il s’agit là d’une avancée, nous ne savons ni quand ni comment cette mesure sera mise en place par les universités.
Si ces avancées constituent des premières victoires, ces mesures restent insuffisantes et inapplicables pour la reprise des cours. La mobilisation, poursuivie le 26 janvier et le 4 février a montré une réelle volonté politique d’une partie des étudiantes et des étudiants de lutter pour de bonnes conditions de vie et d’étude. Pour répondre à cette exigence, l’UEC constitue un moyen d’organiser ces jeunes et d’offrir des débouchés politiques au-delà de la seule réouverture des Universités.
Pour les lycéens et les lycéennes la situation n’est pas plus enviable. S’ils ont certes repris les cours, leur avenir n’en n’est pas moins compromis que leurs homologues étudiants. Depuis le mois de novembre dernier, les lycées fonctionnent bien souvent à mi-régimes. Le retard sur les programmes s’accumule malgré l’investissement des enseignantes et enseignants.
Pire, en dépit des conditions catastrophiques dans lesquelles se sont déroulées les épreuves du bac l’année dernière, Jean Michel Blanquer a annoncé l’annulation des épreuves de spécialités prévues en mars. Sur ces matières, les lycéens seront une nouvelle fois notés sur les notes obtenues en contrôle continu.
Cette décision est prise très hâtivement. Si les cours sont maintenus, pourquoi faire le choix de l’annulation des épreuves alors que nous ne sommes qu’au mois de janvier ? La tenue d’un examen ne semble pourtant pas plus dangereuse que le suivi d’un cours. Si c’est la crainte d’un nouveau confinement qui a guidé son choix, pourquoi ne pas simplement reporter les épreuves à la fin de l’année scolaire avec les autres épreuves du baccalauréat ?
Bien que la situation exceptionnelle puisse justifier des aménagements profonds des examens, la formule adoptée par le ministre est une nouvelle remise en cause du caractère national du baccalauréat.
Blanquer saisit l’effet d’aubaine de la crise sanitaire pour accélérer la réforme du bac qui programme la fin du contrôle terminal pour le diplôme. Le Gouvernement profite donc de la situation sanitaire pour avancer à marche forcée vers son projet funeste de destruction du caractère national de l’éducation en France.
Sans cadrage national, le baccalauréat sera nécessairement vecteur d’inégalités entre les élèves et les établissements. La valeur du diplôme ne sera plus évaluée en fonction de la note obtenue à une épreuve commune et nationale mais de la réputation de l’établissement d’origine de l’élève. Il s’agit donc de l’option la plus inégalitaire et discriminatoire possible. Cette annonce se tient en plein lancement de la saison 2021 de Parcoursup, dont le calendrier, lui, n’a pas été modifié. La fin du cadrage national du baccalauréat joint à Parcoursup va avoir des effets désastreux pour les élèves. La sélection sociale à l’entrée de l’université, déjà flagrante, va nécessairement augmenter.
Alors que l’heure devrait être à une réflexion sur les manières de rattraper le retard et raccrocher les lycéens, le gouvernement fait une fois de plus le choix de la sélection. Il y a donc urgence à réclamer un plan pour l’éducation qui passe par deux axes majeurs : lissage des programmes sur plusieurs années et plan pluriannuel de recrutement des enseignants. Alors que l’on manque d’enseignants et de locaux pour dédoubler réellement les classes, il faut un moratoire sur les fermetures de classes et recruter, or le nombre de postes ouverts diminue.
Les lycéennes et lycéens et les étudiantes et étudiants ont aujourd’hui plus que jamais besoin d’avoir une visibilité sur leur avenir et qu’on sécurise leurs parcours. Ils ont aussi besoin d’avoir confiance dans leur capacité à acquérir un diplôme qualifiant et un emploi stable. Pourtant, la situation de l’emploi n’est pas meilleure pour les jeunes, ne contribuant pas à leur donner plus de perspective au-delà des études et de la formation.
Garantir le droit à un emploi stable et à un salaire
Pour les jeunes en recherche d’emploi la situation se dégrade. En sortie de formation ou en décrochage, le constat que nous réalisons depuis plus d’un an reste inchangé. Le chômage des jeunes s’accroît et les mesures prises par le Gouvernement sont insuffisantes et n’offrent comme unique perspective un avenir de précarité et d’instabilité.
D’après Pôle emploi, 698.600 jeunes de moins de 25 ans sont au chômage au quatrième trimestre 2020. Les mesures du Plan de relance ont sans conteste produit des effets sur l’emploi des jeunes à court terme. Mais si les mesures du Gouvernement ont permis d’embaucher environ un million de jeunes, cela n’a été permis que par la diminution massive du coût de l’embauche des jeunes via des subventions. En clair, c’est le Gouvernement qui paye le salaire de ces jeunes, pour des contrats précaires payés une misère. De plus, dès l’arrêt du subventionnement de ces emplois, leur poursuite n’est pas garantie.
Cela doit conduire à relativiser les chiffres annoncés. En effet, il y a bien une diminution de 3,1% du nombre de jeunes en catégorie A, B et C. Mais les autres catégories d’âges connaissent des baisses bien inférieures. L’INSEE relève une baisse de la population active, ce qui signifie une sortie des radars de Pôle emploi de tous les chômeurs qui abandonnent leur recherche d’emploi sans avoir trouvé de travail. Il faut également tenir compte du décalage entre la baisse d’activité et les suppressions de poste. Il faut également prendre en compte le temps de mettre en œuvre les procédures de licenciement, en particulier les licenciements collectifs. Si l’emploi est maintenu artificiellement sous perfusion d’argent public, le Gouvernement fait un mauvais pari en analysant cette crise du système capitaliste comme passagère. On le voit dans cette crise, ce qui résiste mieux c’est l’emploi stable et qualifié, ce qui pose la nécessité de sécuriser les parcours de vie.
Des propositions émergent pour accompagner cette crise et la financiarisation de l’économie. Les différents courants solidaristes de droite et de gauche répondent par divers projets de revenu de base qui déconnectent la rémunération du travail et de la production de valeur, exonérant le patronat de ses responsabilités dans le chômage. Ces mesures légitiment le chômage comme un régulateur inévitable du marché du travail. Elles limitent le pouvoir des travailleurs de revendiquer des améliorations de salaires puisqu’on leur verserait une somme inconditionnellement comme si cette valeur n’était pas le fruit de leur travail. Elle met également en péril la protection sociale via la fusion d’allocations pour le financier, ouvrant de fructueux marchés aux assurances pour remplacer les prestations de sécurité sociale.
Le Gouvernement envisage lui la création d’une garantie jeune universelle, après avoir doublé les places dans ce dispositif afin que chaque jeune puisse en bénéficier. Il s’agit d’un accompagnement des jeunes sans emploi et sans formation assorti d’une aide pouvant aller jusqu’à 497,01 euros par mois. Dans son état actuel, seul 41% des jeunes déclarent être en emploi 18 mois après en avoir bénéficié. Le montant de l’allocation et les résultats en termes d’emploi sont insuffisants. Il s’appuie sur une frange extrêmement précaire de la jeunesse pour imposer un statut de travail lui-même précaire et offrant aux entreprises une main d’œuvre à très bas coût. Le principe d’accompagnement, d’alternance de formations et d’expériences professionnelles est intéressant mais celui-ci ne peut se faire en dehors d’un statut stable et d’une juste rémunération. Un tel dispositif demande en outre les recrutements nécessaires dans les missions locales qui ont la mission d’accompagner ces jeunes.
Face à cela nous portons le droit pour chaque jeune d’accéder à une formation et à un emploi. La crise actuelle rend plus aigu le besoin de sécuriser les parcours de vie de l’éducation jusqu’à l’emploi. C’est pourquoi nous demandons le dédoublement des classes avec une jauge à 50% et l’embauche massive de personnels dans l’éducation nationale ; la création revenu étudiant et la garantie de conditions d’étude décentes dans l’enseignement supérieur ; la réduction du temps de travail à 32 heures sans perte de salaire et la suppression de contrats précaires pour garantir à tous et toutes un emploi stable, notamment par des pré recrutements dans le transport, l’éducation, la santé et l’énergie tout en ouvrant d’urgence le droit au RSA aux moins de 25 ans afin de garantir un filet de sécurité.
Ces revendications seront portées auprès des jeunes par le déploiement de notre campagne pour la satisfaction des besoins et aspirations des jeunes face au capitalisme et au patriarcat. Ce déploiement passera par :
● Une mobilisation des lycéennes et lycéens des fédérations et une présence locale et sur les différents réseaux sociaux utilisés par les élèves ;
● Les initiatives de solidarité concrètes telles que l’aide aux devoirs et à la rédaction de CV, la récolte de CV en lien avec les syndicats par l’organisation de bureaux d’embauche ;
● L’organisation de conférences et d’actions autour des enjeux d’éducation et de travail ;
● La présence, lorsque cela est possible, devant les établissements d’enseignement et les missions locales qui accueillent les jeunes en recherche d’emploi ;
Les Jeunes refusent d’être la Génération sacrifiée, et réclament la sécurisation de leurs parcours, nous comptons bien faire entendre notre voix, c’est pourquoi le MJCF se donne comme objectif une mobilisation d’ampleur dans le courant du mois de Mars.
Il appartient au Mouvement Jeunes Communistes de France de créer les conditions de la mobilisation des jeunes en leur offrant des perspectives politiques. Nous ne nous résignons pas à la précarité, à l’isolement et à la peur du lendemain. Nous refusons d’être une génération sacrifiée. Cela exige une prise de conscience et un engagement massif de la jeunesse pour conquérir la sécurisation des parcours de formation et d’emploi. Le capitalisme n’a plus d’avenir, nous si !