Gaza : faire respecter le droit pour faire cesser le massacre
L’armée israélienne a tué aujourd’hui au moins douze Palestiniens et en a blessé plus de 1000 dans la brutale répression de manifestations près de la barrière séparant la bande de Gaza et Israël. Celles-ci se tenaient dans le cadre de la “Marche du retour”, mobilisation d’ampleur par laquelle les Palestiniennes et Palestiniens commémorent les 70 ans de la Nakba et l’expulsion de 800 000 d’entre elles et eux qui s’ensuivit,et revendiquent le droit au retour sur leurs terres. Une blessure toujours vive à Gaza, dont 70% des habitantes et habitants sont considéré·e·s comme des réfugié·e·s par l’UNRWA.
La tuerie d’aujourd’hui est un acte prémédité de l’État israélien, qui avait annoncé depuis plusieurs jours déjà le déploiement de nombreuses troupes à la frontière et notamment d’une centaine de tireurs d’élite ayant reçu l’ordre formel de tirer à balles réelles sur quiconque s’approcherait trop de la clôture qui enferme l’enclave palestinienne.
Cette violence intervient le même jour que la Journée de la terre, célébrée chaque 30 mars en mémoire des six Arabes israéliens assassinés en 1976 alors qu’ils s’opposaient à l’expropriation de leurs terres. A 42 ans d’écart, ces deux massacres démontrent la continuité des violations du droit international et des droits nationaux du peuple palestinien par Israël, qui colonise, occupe, tue et discrimine en toute impunité.
La démesure de la réaction israélienne démontre tout à la fois la dérive autoritaire du gouvernement d’extrême-droite de Benjamin Nétanyahou et son inquiétude croissante face aux conséquences désastreuses de sa politique et de celle de son allié états-unien. Celles-ci, avec la désignation de Jérusalem comme capitale d’Israël et les coupes budgétaires sévères dans le budget de l’UNRWA, attisent les conditions d’une explosion de violence incontrôlable dans la région.
Les événements d’aujourd’hui démontrent une nouvelle fois, d’une manière tragique, la nécessité urgente de faire enfin respecter le droit international en permettant l’établissement d’un État de Palestine viable et souverain dans les frontières de 1967, ainsi que l’application de la résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU.
Quelques jours à peine après la visite en Palestine et Israël du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ces faits montrent que la France ne peut se contenter de répéter abstraitement les règles du droit, mais qu’elle doit les appliquer et reconnaissant immédiatement l’État de Palestine et en agissant à tous les niveaux pour faire respecter les droits reconnus du peuple palestinien.