L’« acte II » du quinquennat, toujours plus loin dans l’incapacité à répondre aux aspirations populaires
L’été passé et le mois de septembre ont marqué le lancement de ce que le gouvernement -repris en chœur par des médias dociles- a nommé l’ « Acte II » de son quinquennat.
Nombreuses sont les annonces promettant plus de dialogue, d’écoute et d’« humanité » dans les politiques mises en place. Pourtant, l’actualité brûlante vient nous rappeler que cet « Acte II » s’annonce sous les mêmes auspices que le premier.
Lancé le 3 septembre dernier par le Gouvernement, en réponse à un mobilisation de plus en plus massive contre les féminicides, le grenelle contre les violences conjugales se termine le 25 Novembre prochain avec le rendu des conclusions. Grande cause du quinquennat, les déceptions avaient pourtant ponctué la première moitié du mandat présidentiel, la seconde ne s’annonce pas plus ambitieuse. Les moyens et la prévention sont les grands absentes des premières annonces faites par le Premier Ministre. Alors qu’il faudrait 1 milliard pour être à la hauteur de l’enjeu, actuellement trop peu d’argent est mis sur la table pour faire fonctionner l’existant mais également créer des dispositifs nouveaux. Les formations annoncées comme les places supplémentaires en hébergement et logement d’urgence nécessitent des moyens que pour l’instant le gouvernement ne semble pas prêt à mettre. La prévention elle aussi largement absente des annonces du premier ministre devrait pourtant être un des points prioritaires. L’abandon d’une politique volontariste de lutte contre les stéréotypes sexistes à l’école est très regrettable alors que c’est dès le plus jeune âge que les violences sexistes doivent être combattues. Là encore des moyens sont nécessaires pour proposer, outre une déconstruction des préjugés, une véritable éducation à la vie affective et sexuelle.
L’adoption de la « Réforme Blanquer » a donné lieu en septembre à la première rentrée avec le nouveau baccalauréat instauré par le gouvernement et dénoncé avec vigueur par un historique mouvement de grève des professeurs durant le mois de juillet. La mise en œuvre concrète de cette réforme vient confirmer toutes les craintes exprimées par lycéens et personnels l’année dernière. L’individualisation des parcours avec le « bac à la carte » a pour conséquence des difficultés d’emplois du temps – distribués souvent une semaine après la rentrée- rendant de fait impossible le suivi de tous les parcours demandés par les lycéens. L’instauration de nouveaux contenus a aussi retardé la rentrée pour certaines matières, en l’absence de manuels et matériels adaptés, situation qui dure encore dans de nombreux établissements. Ces quelques éléments ne sont que la face visible d’une réforme mal préparée, imposée par la force et laissant dans le flou personnels et lycéens. Aussi, le récent suicide d’une directrice d’école à Pantin doit nous alerter sur la situation actuelle de l’Éducation Nationale, qui met en danger les conditions de travail des enseignants et notre avenir.
C’est donc par cette rentrée scolaire chaotique qu’Emmanuel Macron entend lancer l’« Acte II » de son quinquennat.
Sur le terrain social, le gouvernement avance rapidement dans la mise en place d’une énième réforme de notre système de retraites. S’appuyant sur le « rapport Delevoy » remis durant l’été , le gouvernement souhaite raboter le montant des pensions via un plafonnement de l’enveloppe dédiée. Cette nouvelle réforme va aussi venir toucher les revenus les plus faibles. En effet, derrière une apparente volonté d’égalité, ce projet de réforme reprend tous les poncifs libéraux visant à détruire le régime par répartition au profit d’un système « à points », qui impactera directement les travailleurs les plus précaires, dont l’ensemble des années de cotisations seront prises en compte contre les 25 meilleures aujourd’hui. Évidemment, les plus directement touchés seront les jeunes pour qui ce nouveau système s’appliquera dès leur entrée sur le marché du travail.
Il s’agit bien de la remise en cause complète du régime des retraites conquis par les travailleurs au lendemain de la seconde guerre mondiale, alors que c’est bien ce système qui a permis d’augmenter la durée de vie en bonne santé à la fin de son activité professionnelle. Le gouvernement apparaît donc comme à rebours de l’histoire en proposant une réforme injuste qui in fine provoquera un recul de l’âge de départ à la retraite.
La construction d’un mouvement d’ampleur est en cours et les récentes mobilisations sectorielles (transport, santé, etc.) ainsi qu’une première journée d’action interprofessionnelle le 24 septembre constituent des points d’appuis importants pour la riposte nécessaire à cette nouvelle attaque contre nos droits.
Si le gouvernement s’illustre donc par une aggravation du caractère libéral de sa politique, Emmanuel Macron semble aussi jouer un jeu dangereux en flirtant avec les thèses de l’extrême droite au sujet de l’immigration. Après l’inhumaine « Loi asile immigration », le Président a déclaré vouloir faire de l’immigration un sujet majeur de la seconde partie de son quinquennat. S’appuyant sur un discours empreint de mépris de classe considérant comme « bourgeois » la volonté d’accueillir dignement les migrants et comme populaire le refus de l’accueil, le Président se livre à un calcul électoraliste grossier à quelques mois des élections municipales. Battu par le RN aux élections européennes, Emmanuel Macron semble chercher à récolter les voix de l’extrême droite en banalisant ainsi le discours mensonger du parti de Marine Lepen.
Ce changement de ton sur la question traduit l’incapacité du Président à répondre réellement aux aspirations populaires, ou plutôt la volonté de les détourner. Alors que depuis un an les classes populaires réclament des changements profonds sur les questions économiques et sociales, le gouvernement semble vouloir conquérir cet électorat en allant emprunter les thématiques de l’extrême droite. Vouloir répondre aux difficultés sociales exprimées par la populations par un détournement de la colère sur les migrants relève, au mieux d’une grossière erreur politique, au pire d’une instrumentalisation inacceptable de cette problématique.
Face à toutes ces attaques, le Mouvement des Jeunes Communistes de France déploiera toute son énergie auprès des lycéens qui subissent de plein fouet l’injuste « Réforme Blanquer », tout en prenant sa part aux côtés des syndicats et des partis politiques dans les mobilisations à venir contre la réforme des retraites. Le MJCF continuera aussi son travail de lutte contre toute forme de préjugés xénophobes afin d’affirmer que l’immigration n’est pas la cause des difficultés sociales vécues dans le pays.