La répression des militant·e·s kurdes doit cesser ! (Collectif de soutien au CDK-F)
Nous, organisations politiques, syndicales, de la société civile française, condamnons la vague de répression menée actuellement par la justice française à l’encontre de militant·e·s kurdes, engagé·e·s dans la recherche d’une solution politique pour le Kurdistan.
Le 12 juin 2019, la veille de la visite en Turquie du Ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, plusieurs perquisitions ont été menées par la police française dans le but d’arrêter des militant·e·s du mouvement démocratique kurde. Son homologue turc l’a même félicité de l’action menée par la France contre le mouvement kurde. Ces perquisitions ont pu également toucher des soutiens extérieurs au mouvement kurde, dont des syndicalistes français·e·s.
De plus, deux militants, Agit Polat et Vedat Bingöl, respectivement porte-parole et ancien Coprésident du Conseil Démocratique Kurde en France (CDK-F), ont vu leurs avoirs gelés sur la décision des ministères de l’économie et de l’intérieur. Ces deux mêmes personnes ont été explicitement menacées de mort de manière indirecte. Dans le cas de l’un d’entre eux, son jeune fils a été abordé dans un parc où il jouait par un inconnu qui a proféré des menaces à l’encontre de son père.
En 2013, trois militantes kurdes ont déjà été assassinées en France. L’enquête conduite par la justice française a démontré que les commanditaires de cet acte ignoble étaient des responsables de premier plan des services secrets de Turquie (MIT). La justice n’a pas pu être rendue en raison du décès du meurtrier. Il serait insoutenable qu’un nouveau drame se produise. Nous demandons que l’État français prenne ses responsabilités, et protège les militant·e·s politiques kurdes qui ont trouvé refuge ou sont né·e·s sur son sol contre toute atteinte à leur vie ou à leur liberté d’expression et d’organisation politique.
La France ne doit pas se faire la supplétive de la Turquie en participant à la répression du mouvement démocratique kurde. La fraternité des peuples ne se marchande pas contre une poignée de contrats. Les partis kurdes se réclamant du confédéralisme démocratique, PKK en tête, ont mené la lutte contre l’obscurantisme de Daesh au prix d’immenses sacrifices qui se sont traduits par la mort de jeunes hommes et femmes kurdes. Durant cette période, la Turquie fournissait un appui militaire, logistique et financier aux criminels de l’Etat Islamique. Les Kurdes ont ainsi contribué à protéger l’Europe des attaques de Daesh. Les organisations kurdes tentent de mettre en place au Moyen-Orient une alternative démocratique, basée sur le progrès social, l’émancipation des femmes et l’égalité ethnique et religieuse. Que signifie alors pour la France le fait de réprimer leurs militant·e·s qui mènent une action politique légale, à visage découvert ?
Les poursuites à l’égard des militant·e·s kurdes doivent être abandonné·e·s, et la France doit reconnaître la légitimité du PKK comme acteur politique de premier plan au Moyen-Orient, en commençant par le retirer de la liste des organisations terroristes.
Premiers signataires: France-Kurdistan, Union Syndicale Solidaires, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié des Peuples (MRAP), Conseil de Coordination des Organisations arméniennes de France (CCAF), Parti communiste français (PCF), Parti de Gauche (PG), France insoumise (FI), Europe Écologie Les Vers (EELV), Génération Union communiste libertaire (UCL), Confédération nationale du Travail (CNT), Collectif des Amazighs en France, SOS Racisme, Union Prolétarienne ML, Génération.s, Pour une Ecologie Populaire et Sociale (PEPS), Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF)