Mustafa Koçak, nouvelle victime de la répression en Turquie
En cette période de crise sanitaire mondiale, le bilan s’alourdit du côté des prisonniers politiques turcs. Après la mort d’Helin Bölek, chanteuse de Grup Yorum, le 3 avril, c’est au tour de Mustafa Koçak de succomber le 24 avril de la grève de la faim qu’il avait entamée en prison 297 jours auparavant.
Ces deux militants étaient tous deux musiciens de Grup Yorum, un groupe de musique créé en 1985 et se voulant « au service de tous les peuples opprimés, de Turquie et d’ailleurs ». Ce groupe est symbolique en Turquie, il dénonce la souffrance du peuple, les violences contre les minorités et l’injustice sociale. Il est dans le viseur du régime d’Erdogan depuis sa prise de pouvoir, et cet acharnement s’est d’autant plus renforcé avec le coup d’Etat raté en 2016.
Interdictions de se produire, instruments brisés par la police, inscription sur la liste des “organisations terroristes”, incarcération de ses membres, avis de recherche, tout l’attirail répressif a été mobilisé pour faire disparaître ce groupe et avec lui toutes les valeurs et l’histoire qu’il représente.
Après avoir sciemment laissé mourir Helin Bölek et Mustafa Koçak, le regard d’Ankara se porte aujourd’hui sur Ibrahim Gökçek, encore en grève de la faim depuis 319 jours.
Aujourd’hui, c’est plus largement la vie de l’ensemble des prisonnières et prisonniers politiques turcs qui est en danger, ceux-ci ayant été exclus des mesures de remises en liberté adoptées par le gouvernement au nom de la contention du Covid-19.
Le MJCF rend hommage au combat mené par Grup Yorum, et particulièrement au sacrifice d’Helin Bölek, Mustafa Koçak et Ibrahim Gökcek. Nous soutenons et soutiendrons la lutte de ses militants pour la démocratie et la justice sociale.
La persécution et la répression doivent immédiatement cesser à l’encontre de Grup Yorum avant que le bilan des morts ne s’alourdisse à nouveau. Nous demandons en ce sens la libération de toutes les prisonnières et tous les prisonniers politiques et la sortie de la “liste des organisations terroristes” les groupes et personnes dont le seul tort est de lutter pour la liberté de leur peuple.
La France doit cesser son soutien à la politique répressive et meurtrière du régime d’Erdogan, illustrée récemment par l’extradition toujours en cours du militant turc Sefik Sarikaya de la France vers la Turquie, l’exposant ainsi à la torture et à une peine encore plus lourde.