Valmy : Le verdict politique d’un procès politique
En 2016, les manifestations contre la Loi Travail (première du nom) étaient le théâtre d’affrontements réguliers entre groupes de manifestants et les forces de l’ordre. Ces affrontements parfois très violents étaient dans certains endroits systématiques et résultaient de stratégies délibérées de part et d’autres. Dans ce contexte, l’appel à un rassemblement de syndicats policiers contre “la haine anti-flic” ne pouvait que déboucher sur des affrontements similaires. L’interdiction à la dernière minute de la contre-manifestation organisée à cette occasion a également contribué à rendre la situation explosive. Au cours de ces affrontements, un groupe de manifestants a incendié volontairement une voiture de police, avec deux policiers à l’intérieur. Au delà de la gravité de ces faits, l’instrumentalisation de cette affaire appuyée par de très nombreuses réactions politiques appelant à la sanction la plus exemplaire ont joué un rôle décisif dans le verdict. Rapidement, la police interpelle plusieurs individus qui sont présentés comme les auteurs d’une véritable embuscade. L’enquête conclura finalement davantage à un enchaînement d’actions dangereuses mais sans coordination ni volonté d’homicide. L’un d’entre eux effectuera jusqu’à 10 mois de détention préventive et ce malgré trois avis du juge des libertés en faveur de sa libération. Aujourd’hui il a été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme. L’accusation ne repose pourtant que sur très peu d’éléments. Une dénonciation anonyme dont une erreur dans la procédure a révélé qu’elle émane de la DRPP (Direction des Renseignements de la Préfecture de Police), et une vidéo dans laquelle il n’apparaît pas à visage découvert et donc dans laquelle il est suspecté d’être l’auteur masqué des faits. La sévérité de la peine est d’autant plus absurde que les éléments d’accusation sont inconsistants. Il semble qu’une fois encore la justice se soit rangée derrière une condamnation politique déjà effectuée plutôt que de rechercher la vérité. Que dire des dommages et intérêts qui devront être versés au syndicat de police “Alliance” flirtant avec l’extrême droite ? Que dire également de la réaction de ces derniers sur les réseaux sociaux clamant que “la haine anti flic est remise en liberté” alors même que nous venons d’énoncer la gravité des peines. Rappelons qu’il y a 31 ans, alors que deux policiers étaient reconnus coupables par la justice de la mort de Malik Oussekine, ils n’avaient écopés qu’à deux et cinq ans de prison avec sursis… Le Mouvement Jeunes Communistes de France, regrette que la justice ait rendu un verdict qui semble davantage motivé par les pressions politiques que par des faits.